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Nouvelles d'Allemagne
19 février 2012

Le match France Allemagne

Le match France-Allemagne se continue: faut-il ou ne faut-il pas imiter "les Allemands"? Ont-ils trouvé la panacée pour sortir de la crise? Les experts s'affrontent, chiffres en mains. Chacun en sait davantage que l'autre... 

Moi, qui ne suis expert en rien mais qui habite l'Allemagne depuis des années, je suis sorti hier soir samedi. J'ai mangé dans un petit bistrot à l'ambiance sympa une excellente et somptueuse salade composée (bio!) arrosée d'un verre de vin: 7,5 euros. Puis, je suis allé au Cinéma communal, une salle à l'ancienne mais confortable, un peu comme les salles arts et essais de ma jeunesse. J'ai vu Melancholia de Lars von Trier : 3 euros le ticket. Difficile à trouver en France.

Quand je vais à Berlin et que je m'installe sur telle immense terrasse du Kurfürstendamm, face à l'église du souvenir, ma boisson me revient à 2,6 euros; à Paris, un perrier boulevard Saint-Germain me coûte 6 euros! La même pizza vaut à 5 euros en Allemagne, au moins dix en France et si je bois autre chose que l'eau en carafe, le "différentiel" s'accroît encore... Je pourrais multiplier les exemples: il est évident qu'on vit meilleur marché en Allemagne qu'en France et il n'y a pas que les loyers ou les portables: on a même intérêt à acheter les produits français (du camembert aux voitures peugeot ou renault) à l'est du Rhin!

Cela vient sans doute du fait qu'ici on a davantage le sens des prix justes (?), de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas. De la part du client comme du prestataire. Et on le fait savoir. En France, il est de bon ton de tout trouver normal: les places de spectacle à des tarifs immodérés, les restau qui te servent du décongelé à des prix dingues, les fringues... On a du mal à protester publiquement contre les "hold-up" auxquels la distribution nous confronte quotidiennement.  Le snobisme du "quand on fait la fête, on ne regarde pas" est moins répandu en Allemagne, le client conserve le plus souvent son esprit critique.

Les différences culturelles ne s'effaceront pas aussi facilement: le soir, dans les foyers allemands, on mange son "Abendbrot": une tranche de pain avec cornichons, tomates et fromage ou charcuterie. Et puis c'est tout. En France, d'autres traditions (habilement entretenues) poussent à la dépense. Dans ma jeunesse, l'apéro était exceptionnel, puis il est devenu courant le dimanche, les we, pendant les vacances. Désormais quasiment tous les jours... Même chose pour ces plats de fête qui sont désormais des nécessités: huîtres n'importe quand, foie gras, champagne..., sans que la qualité de vie y ait vraiment gagné. Evidemment, pour rendre cela possible, l'éventail de l'offre s'est élargi: les produits Fauchon et ceux d'Ed l'épicier peuvent avoir des appellations semblables en apparence, mais c'est à peu près tout ce qui les rapproche. Les producteurs et les fabricants marrons en profitent pour réaliser des bénéfices jamais atteints. En Allemagne, on est probablement moins "gogo". 

Voilà pourquoi, une discussion sur les salaires est difficile: le Français moyen a certainement besoin de plius d'argent pour vivre que son équivalent allemand et les queues de voitures françaises qui chaque jour passent le Rhin pour aller faire leurs courses l'ont compris.

 Quant à la fameuse productivité (telle que la comprend le système libéral), si vous allez faire un tour en Germanie, comparez par exemple la célérité avec laquelle une caissière de super-marché fait défiler les produits avec les habitudes françaises... Je puis assurer qu'il en va de même avec les artisans! Dans une perspective purement capitaliste, les habitude de travail sont bien différentes de ce qu'elles sont "chez nous", ce qui, à mon avis, n'est pas un avantage...

De toute façon, le système qui mène les deux pays est le même: le but final est le profit maximal. A ce niveau, la place de l'écologie dans les deux pays a valeur de parabole: en Allemagne on cherche à préserver pour que ce système puisse se prolonger le plus longtemps possible et générer ainsi le plus de bénéfices possibles; en France, on se préoccupe encore trop peu d'un demain lointain et on cherche à engranger le maximum le plus rapidement possible. Lorsque le temps de travail global augmente en Allemagne, c'est dans cette perspective capitaliste d'un revenu maximal sur une longue période; en France, les 35 heures et l'augmentation des années de travail forment une cote mal taillée: elles ne satisfont ni le libéralisme pur et dur ni l'aspiration à un autre type de société non plus consommatrice et productiviste à tout crin mais simplement humaine, telle que les auteurs de Travailler deux heures par jour l'avaient défini dans les années 70. Quant aux tristes propositions de Sarko et des siens...

Donc, inutile de comparer la France et l'Allemagne. C'est de ce système fondé sur la double réification des individus (producteurs et consommateurs, le "fordisme moderne") qu'il faut sortir.

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  • Comme le Persan de Montesquieu, le "locataire" du Blog, un Français habitant l'Allemagne depuis des années, donnera ses impressions sur le pays où il séjourne. On parle tant de l'Allemagne dans l'hexagone, on colporte tant de fausses vérités !
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